Un certain nombre de facteurs sont « moteur » de la dépendance autrement dit, ils organisent et pilote la vie de la personne dépendante tout en la maintenant et la renforçant dans l’état de dépendance. Ci-dessous la liste de quelques-uns de ces facteurs.
- La fuite : La fuite est sans doute le symptôme et le facteur d'entretien de la dépendance le plus important sinon le plus fréquent. C’est la fuite de la réalité, de ses responsabilités, de ses devoirs et encore des conséquences de ses actes ou absence d’acte. C’est parfois aussi un désir inconscient de vouloir échapper à soi-même. Ici il s’agira de s'accepter tel que l’on est et de réapprendre à faire face et à assumer ses responsabilités, ce qui n’est pas toujours facile quand les conséquences de ses comportements ou des délits commis peuvent être lourds.
- La peur : «L'alcool m'accompagne depuis tant de temps. Comme vais-je faire sans ? En société alors que tout le monde consomme de l'alcool, comment avec mon verre d'eau, serais-je perçu par les autres ? ». C'est aussi la peur de devoir assumer ses responsabilités, la peur des conflits, des conséquences de ses actes ou non actes. Ces peurs peuvent aussi engendrer des formes de violence sur soi ou autrui car on se sent acculé Toutes ces questions et bien d'autres encore, hantent le buveur, qui pour y échapper n'a que l'alcool comme moyen d'évasion.
- La honte et La culpabilité : « Tu t’es vu, quand t’as bu » ? Ce slogan, à lui tout seul, en dit déjà beaucoup et la honte qu’il génère chez la personne qui boit, est terriblement destructrice et ne fera en fait qu’entretenir le mal. (Voir la page "La honte" du menu Alcoologie). La culpabilité est attachée à l'acte de boire et non à la personne contrairement à la honte attachée à l'être qui boit
- Le déni : Sorte de voile pausé sur la conscience, souvent confondu avec le mensonge, le déni est un moyen de défense inconscient mis en place par le buveur pour échapper à l'impossibilité de concevoir arrêter de consommer de l'alcool. (Voir la page "Le déni" du menu Alcoologie). Ce comportement consistant à se cahcer la vérité ou la réalité, empêche le buveur de faire face et donc comme en apparence il n'y a pas de problème se dit-il, pourquoi changer ?
- L'absence de limites et de repères : L'alcool a tendance à abaisser toutes les limites qu'elles soient sociales, morales et temporelles ce qui conduit à un non resppect de soi et des autres mêmes très proches, car l'envie d'alcool est devenue besoin d'alcool, besoin au même titre parfois que le besoin de respirer.
- Le mal à dire et à ressentir : L'alcool a cette faculté sur le long terme d 'anesthésier la capacité à exprimer et vivre ses émotions, d'où le repli sur soi, et l'isolement. Ceci est encore accentué chez les personnes qui sont naturellemnt plutot introverties. Ici les groupes de parole sont un outil essentiel car ils permettent la re-socialisation et dans une relation d'égal à égal et sans jugement de re-communiquer et de re-sentir.
- Le deuil impossible : Pour accomplir un deuil il faut à la fois du temps qui s’écoule et de la douleur qui se vit. Or le temps chez la personne addicte ne s’écoule plus, il est circulaire et tourne autour de la consommation : se procurer de l’alcool => le boire => récupérer de ses effets => évacuer les bouteilles => se procurer ... etc. De plus l’alcool est un anesthésique puissant des émotions; la douleur n’est donc pas vécue en pleine conscience. Ainsi, le deuil ne peut se faire complètement et il faut à la fois pouvoir réapprendre à vivre « vraiment » ses émotions, les exprimer à leur juste signification et reprendre conscience de son histoire.